Mariés vous, disait-il à ceux que les impulsions de la Chair exposaient à des tentations dangereuses ; mariez vous et vous ferez bien. […] Mais supposons encore plus, ou plutôt consultons l’évidence : l’incrédulité n’est malheureusement que trop commune, elle n’est même que trop précoce : elle est d’autant plus dangereuse, elle s’établit d’autant plus fermement, qu’il est très périlleux de paraître incrédule, les Ministres de la Religion s’arment contre la Philosophie du jour, des châtiments les plus terribles de la justice séculière, on n’ose donc communiquer son incrédulité à personne et content de sa manière de penser, on laisse tonner les Orateurs sacrés, mais on s’éloigne de leurs foudres, ils ne prêchent plus que devant ceux qui les croient, et ceux pour qui leurs efforts et leur zèle seroient utiles, sont précisément les seuls qui ne les vont point entendre. […] L’oisiveté serait mille fais plus dangereuse pour vous, le temps où l’on cesse d’être occupé, est précisément celui que le Démon attend pour vous tenter. » Je crois que personne ne trouvera trop de relâchement dans cette doctrine de mon Confesseur, si ce n’est un de ces Enthousiastes qui par la rigueur de leur discipline offraient les âmes faibles, les font désespérer de leur salut, et par l’outrance de leurs maximes en font souvent des incrédules au lieu d’en faire des justes. […] Le Théâtre est suspect de luxure, mais outre qu’il serait difficile de prouver que dans aucun état, on soit à couvert de ce vice, il sera toujours vrai que c’est dans cet état seul que la probité n’est point exposée à des secousses très dangereuses et à des tentations auxquelles il est téméraire de s’exposer.