C’est par ces degrés que Molière a fait monter l’Athéisme sur le Théâtre, et après avoir répandu dans les âmes ces poisons funestes, qui étouffent la pudeur et la honte ; après avoir pris soin de former des Coquettes, et de donner aux filles des instructions dangereuses ; après des Écoles fameuses d’impureté, il en a tenu d’autres pour le libertinage, et il marque visiblement dans toutes ses Pièces le caractère de son esprit : il se moque également du Paradis et de l’Enfer, et croit justifier suffisamment ses railleriesDans sa Critique. […] Il y a quatre sortes d’impies qui combattent la Divinité : les uns déclarés qui attaquent hautement la Majesté de Dieu, avec le blasphème dans la bouche : les autres cachés qui l’adorent en apparence, et qui le nient dans le fond du cœur : Il y en a qui croient un Dieu par manière d’acquit, et qui le faisant ou aveugle ou impuissant, ne le craignent pas : les derniers enfin plus dangereux que tous les autres, ne défendent la Religion que pour la détruire, ou en affaiblissant malicieusement ses preuves, ou en ravalant adroitement la dignité de ses Mystères. […] Molière devrait rentrer en lui-même, et considérer qu’il est très dangereux de se jouer à Dieu, que l’impiété ne demeure jamais impunie, et que si elle échappe quelquefois aux feux de la Terre, elle ne peut éviter ceux du Ciel ; qu’un abîme attire un autre abîme, et que les Foudres de la Justice divine ne ressemblent pas à ceux du Théâtre : ou pour le moins s’il a perdu tout respect pour le Ciel (ce que pieusement je ne veux pas croire) il ne soit pas abusé de la bonté d’un grand Prince, ni de la piété d’une Reine si Religieuse, à qui il est à charge, et dont il fait gloire de choquer les sentimentsq. […] La fureur du Duel qui ôtait à la France son principal appui, et qui l’affaiblissait tous les jours par des saignées mortelles et dangereuses, a été tout d’un coup arrêtée par la rigueur des Edits.