Que s’ils ne peuvent nous le prouver, ne ferons nous pas, ô mon Cher, ce que font les gens qui étant tombés dans de violentes passions, viennent à connoître le danger où ces passions les peuvent jetter ? […] Cet aveu d’un de nos Poëtes me dispense de m’étendre sur le danger ordinaire des Tragédies. […] Sans parler des dangers ordinaires des Piéces, quand toutes les nôtres seroient innocentes, quel danger n’y ajoutent pas les Acteurs & les Actrices ? Dangers dont les suites funestes à l’honneur, au repos, & à la fortune des Familles, peuvent causer des désordres qui intéressent l’Etat ; dangers qui se trouvent dans la Représentation même d’Athalie, Piéce qui n’eût jamais paru sur le Théâtre public, si les intentions de l’Auteur, & celles de sa Famille, avoient été suivies. […] Nous avons certainement quelques Piéces qui n’inspirent que l’amour de la Vertu : peuvent-elles être jouées sans danger ?