Dieu se se joua de tous ces projets ; Elisabeth survécut à Marie, monta sur le trône, refusa la main de Philippe, & détruisit la religion catholique. […] L’Église Romaine l’employe avec fruit pour maintenir la dévotion des Fidèles, & les Protestans qui absolument décharnent le culte, suppriment les cérémonies, dépouillent les Temples, & les Ministres connoissent mal le cœur humain, & ne ménagent pas les intérêts de la piété ; mais on a raison de se moquer d’un système de Religion bisarre & inouï dans le Christianisme, dont une partie détruit l’autre. […] Ce seroit la détruire. […] Toute sa vie est pleine de pareils traits ; le Roi Edouard son frère la charge de travailler à gagner Marie sa sœur, elle le promet, & au lieu de tenir parole, elle l’exhorte à demeurer ferme dans le Papisme au prix de sa vie ; de là elle revient dire au Roi & à son Conseil qu’elle n’a pu rien gagner, & le presse de poursuivre le Papisme, & de ne rien épargner pour le détruire ; elle caresse sa sœur, & lui marque le plus tendre attachement, quoique zélée Catholique, & de là va flatter ses belles-mères zélées Protestantes ; elle promet & elle jure à son couronnement de protéger les Catholique, & deux jours après elle en fait mourir des milliers, elle fait chanter le Te Deum dans une Eglise Catholique, & y demeure tout le temps à genoux avec beaucoup de modestie. […] Le Duc d’Albe, alors Gouverneur des Pays-Bas, appeloit ce manège une farce politique ; & la Reine une Actrice qui gagne par ses flatteries sans s’engager elle-même, dit une chose & en pense une autre, promet tout & ne tient rien, & trompe tout le monde comme sur le théatre, & cependant persécute les Catholiques & détruit leur Religion.