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215. (1715) La critique du théâtre anglais « CHAPITRE V. Remarques sur L’Amphitryon, Le Roi Arthur, Don Quichotte et Le Relaps. » pp. 302-493

La représentation de deux considérables actions indépendantes l’une de l’autre, détruit la beauté de la subordination, fait languir une Pièce, et en diminue de beaucoup le plaisir : c’est là ce qui divise un Poème et qui en fait deux. […] Cependant ces mêmes personnages sont dans l’idée du Poète très considérables ; puisqu’il en a tiré, quoique mal à propos, le nom de sa Pièce ; mais après tout, comme ils n’ont point de liaison, point d’intérêt commun avec les autres, ils deviennent un tout séparé, et détruisent l’Unité du Poème. […] « Plusieurs pieux Bourgeois, et autres personnes de considération bien intentionnées pour la ville de Londres, considérant que les Comédies et les jeux de hasard étaient des pièges tendus à la jeune noblesse et autres, et voyant de grands inconvénients, tant pour les particuliers que pour toute la Ville, si on les permettait davantage, et que ce serait une honte aux Gouverneurs et au gouvernement de cette honorable ville de Londres, de les souffrir plus longtemps ; en ont averti quelques religieux Magistrats, les suppliant de prendre les moyens de supprimer les Comédies etc. dans la ville de Londres et dans ses dépendances ; lesquels Magistrats ont sur cela présenté une humble requête à la Reine Élisabeth et à son Conseil privé, et ont obtenu de sa Majesté la permission de chasser les Comédiens de la ville de Londres, et de ses dépendances : ce qui a été conformément exécuté ; et les salles de la Comédie de la rue Grace Church furent interdites et entièrement détruites. […] En bonne foi c’est bien le moyen de combattre le vice avec succès et d’établir la vertu, que de s’étudier comme ils font, à détruire les principes du bien et du mal ! […] On y sape le bien par ses fondements ; on y arrête les heureux penchants à la vertu ; on y détruit les principes de la bonne éducation.

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