Car le Démon qui se jouait de la fausse crédulité des Païens, leur inspira ainsi de dédier chaque Spectacle à quelque Divinité ; afin de les canoniser, pour ainsi dire, et de faire triompher l’idolâtrie jusque dans ces plaisirs criminels ; de manière que de cette façon l’impiété régnait dans les Spectacles, aussi bien que l’effronterie et la licence. […] Tertullien dit expressément qu’il ne faut pas douter que le Démon ne soit l’inventeur de la Comédie, et notre Docteur a l’audace de lui faire dire que c’est Dieu qui en est l’auteur, de même qu’il est auteur du fer, des herbes et des Anges. […] Les Comédies, dit Tertullien, ne plaisent point à Dieu, et ne conviennent point à des Serviteurs de Dieu, parce que la pompe qui les accompagne est l’ouvrage du Démon, et que nous y renonçons au Baptême : « Adversus quam in signaculo fidei ejeramus ». […] Mais la profession des Comédiens n’est nullement nécessaire ; c’est un métier qui n’est pas l’ouvrage de Dieu, et qui n’a été inventé du Démon ou des hommes que pour la volupté, et que pour une volupté piquante et toute sensuelle ; en sorte qu’il faut rire ou pleurer de joie à la Comédie, ou enfin y être transporté agréablement de quelque autre passion, sans quoi le Théâtre serait désert, et la Comédie ne serait plus Comédie. […] Mais qui lui à donné le pouvoir, après avoir fait la part de Dieu, de faire aussi celle du Démon ?