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67. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 1 « CHAPITRE IV. Des Pièces pieuses. » pp. 68-95

Tout le monde a blâmé, avec Boileau, dans le Tasse, l’Arioste, le Camoëns, Sannazar, Milton, ce bizarre assemblage d’Anges et de Démons, de Saints et de faux Dieux, de fictions et de mystères, d’aventures galantes et de vertus héroïques. […] Une décoration profane, l’état, les mœurs des Comédiens défigurent encore plus les choses saintes ; un Ministre des autels, et un Comédien ; le caractère d’un Saint, et un métier infâme ; les fonctions des Anges, et l’emploi du démon ; une Eglise, et une salle de spectacle ; qui peut soutenir l’horreur du contraste ! […] C’est le Démon qui donne aux Comédiens la mission : Allez, leur dit-il, enseignez le vice à toutes les nations, apprenez-leur à faire ce que je vous enseigne et que je vous fais faire à vous-mêmes ; je vous suggérerai ce que vous aurez à dire, et je serai avec vous jusqu’à la fin des siècles. […] Tertullien rapporte qu’une femme Chrétienne étant allée à la comédie, y fut possédée du Démon, et que le Démon répondit, quand on l’exorcisait : « J’ai eu droit de m’en saisir, je l’ai trouvée dans ma maison. » C’est dans l’Eglise que la parole de Dieu s’annonce avec fruit, touche et nourrit les âmes, et non pas aux coulisses, aux foyers, à l’orchestre, dans les décorations, les danses, les intrigues.

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