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120. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quinzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre III. Aveux importans. » pp. 83-110

Il fait voir l. 2, c. 1, combien les plaisirs des sens, les plaisirs du monde sont opposés à l’Évangile, & c’est le langage de tous les Chrétiens ; il distingue les plaisirs grossiers, les crimes énormes qu’on n’entreprend pas de défendre, quoiqu’on s’y livre, & les plaisirs qu’on traite d’indifférends : la danse, le jeu, la comédie, les spectacles, les intrigues, le commerce de galanterie qui sont des acheminemens aux plus grands vices ; & il soutient avec toute l’Église qu’ils sont défendus. […] Dans le Commentaire du sienr Bret sur les œuvres de Moliere, il y a des traits sur le Tartusse que je crois devoir rassembler pour les ajouter à ce que nous avons dit sur cette célèbre & très-mauvaise pièce, Louis XIV la défendit, il fut choqué de voir dans Tartuffe trop de ressemblance du vice & de la vertu. […] Ne m’allez pas dire que lorsqu’une honnête femme a tant fait que de renoncer à son devoir, elle doit être plus furieuse qu’une autre ; que les combats qu’elle a essuyé avant de se rendre, la font devenir une fois plus sensible à l’infidélité qu’on lui a fait, qu’une honnête femme à qui il en coûte pour se laisser vaincre, veut jouir de la peine qu’elle a eue à se défendre, & que ne voulant pas tous les jours recommencer les frais d’une passion, il lui est permis d’enrager lorsqu’elle en perd les fruits. Je sais tout cela ; aussi je ne défends point à une femme de se plaindre, mais je veux qu’elle se plaigne toue bas, que la vanité quoique blessée étouffe sa tendresse ou du moins en ôte l’éclat ; enfin je trouve infiniment mauvais qu’une maîtresse, parce qu’elle est abandonnée, aille faire en face à son Amant de ces reproches qui marquent le besoin qu’elle a encore de lui, & qui selon le procédé du cœur humain, ne servent qu’à assurer l’infidélité de son amant ; savez-vous que ce sont ces belles représentations là qui produisent le peu de respect que les hommes ont pour nous. […] Aldegonde, Jurieu, Claude n’étoient rien moins que des mysantropes ; il est vrai que les synodes des Protestans ont défendu le bal & les comédies, & ils n’avoient garde de ternir la gloire de leurs principaux chefs, en leur faisant un crime de leur indifférence pour le bal & la comédie ; mais les Dames ont droit de déraisonner, il faut tout pardonner aux grâces.

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