Elisabeth d’Angleterre, qui après quarante ans de comédie venoit par sa mort de quitter la scène, lorsque Christine y monta ; avec tous les défauts de son sexe, une vanité, un luxe, une licence poussée plus loin que ceux de la Suédoise, parce qu’elle étoit plus aimable, plus puissante, plus riche. […] Cette vie de théatre fit évanouir toutes les espérances qu’on avoit conçu de la sagesse de son gouvernement ; ce ne fut plus qu’une Actrice, qui forcée de quitter la scène glacée du nord, alla dans toute l’Europe promener son chagrin, & les défauts qui l’ont causé. […] Le grand jour où il montre fait encore mieux appercevoir les défauts. […] Peut-on imaginer qu’un jeune Roi ait voulu se marier avec une vieille Reine laide & malfaite, qui avoit quitté ses États, s’étoit vouée au célibat, couroit le monde en aventurière, & avoit tous les défauts de son sexe, sans en avoir les agrémens. […] C’est , dit ingénieusement Madame de Motteville, une Héroine d’Amadis & de Roland ; c’est Marphise & Bradamante , elle étoit du moins en aussi mauvais équipage, sans domestiques, sans argent, sans vaisselle ; elle faisoit seule toute sa maison & toute sa Cour, il fallut que le Roi lui donna tout : le peu de temps qu’elle demeura à la Cour lui fut peu favorable ; ses défauts qui étoient grands furent d’abord couverts par les bonnes qualités & par le plaisir de la nouveauté, mais ces défauts percèrent bientôt, la surprise cessa, elle parut une personne très-commune, nous lui verrons bientôt perdre honteusement tous les avantages, c’est le sort des grands, ils sont plus exposés que les autres, leurs belles qualités sont au grand jour, ils sont d’abord reçus avec applaudissement ; leurs défauts aussi exposés, sont soustraits à la rigueur des loix & à l’autorité des Juges.