C’est en confondant la nature des choses que l’estimable auteur de Pamela t, sans doute entraîné par l’empire des circonstances, qui, au temps critique où il écrivait, avaient exalté tous les esprits, est lui-même tombé dans ce défaut important, de rejeter sur la religion en général le malheur des guerres civiles, et de montrer au peuple la puissance du sacerdoce, uniquement fondée sur une erreur déplorable. […] Or, comme l’amour-propre nous rend aveugles sur nos défauts, et que la malignité nous fait rejeter sur les autres tout ce que la scène nous présente de vices ou de ridicules dans les personnages qu’on y met en action, il s’ensuit qu’il est très difficile que le théâtre nous corrige des défauts que nous nous croyons étrangers. […] C’est, sans doute, pour l’obtenir à son gré, que par prudence, elle écarte tout contradicteur au procès, et que, pour me servir des mots techniques, en usage au palais, elle s’y ménage un défaut, faute de défendre k, en présence même de ses adversaires : triomphe d’autant plus facile à obtenir, que ceux qui le prononcent, sont tout à la fois juges et parties dans la cause. […] Si je me sentais le talent des auteurs qui nous consolent encore quelquefois de la perte de notre plus grand comique, j’essayerais, sous le titre du vicieux par hypocrisie, j’essayerais de peindre sur la scène ce défaut propre à notre siècle inconséquent, j’en développerais toute la turpitude et les funestes effets dans l’ordre social.