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84. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quinzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre II. Suite d’Elisabeth d’Angleterre. » pp. 33-82

La Reine craignoit d’ailleurs que si jamais Elisabeth montoit sur le trône, c’en étoit fait de la religion Catholique en Angleterre ; ce que la suite de sa vie ne vérifia que trop. […] Elisabeth qui pendant le règne de sa sœur avoit résisté à tous les efforts qu’on avoit fait pour l’en rendre, devoit tout craindre de la persécution d’un mari dont elle connoissoit le zèle impérieux ; d’ailleurs elle ne pouvoit s’en faire sans reconnoître l’autorité du Pape qui l’avoit condamnée déshonorer son père & sa mère, réprouver leur mariage, & avouer sa bâtardise ; & quel mépris n’auroit-on pas eu pour elle, il lui falloit même une dispense de Rome pour épouser son beau-frère. […] Cet étalage eut été moins déplacé après quelques victoires remportées sur les Irlandois, sous ses auspices & avec son armée ; mais l’amour traversa la vanité, elle eut diminuée la gloire d’Essex son général & son amant ; la perfidie d’ailleurs en détruisoit tout le plaisir ; goûte-t-on quelque conquête quand le cœur d’un amant échappe, tout l’orgueil, toute la dissimulation d’une Actrice se brise à cet écueil. […] Les Payens avoient des Prêtresses pour le culte de leurs Dèesses, mais comme nous ne connoissons point des divinités de deux sexes, nous ne connumes jamais ce double Sacerdoce ; d’ailleurs à Rome tous les Prêtres & Prêtresses, jusqu’aux Vestales qui avoient leurs gouvernantes, étoient soumis au Souverain Pontife qui ne fut jamais qu’un homme. […] D’ailleurs sa mère avoit vécu & étoit morte Catholique, il étoit Protestant, Elisabeth lui avoit fait sucer sa Religion avec le lait, & l’y avoit entretenu ; il s’y étoit rendu savant, & vouloit le paroître.

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