Cette réforme d’ailleurs s’étend-elle à tous les spectacles que l’on met sous vos yeux ? […] Qu’importe qu’on ne voie, qu’on n’entende plus directement dans les Spectacles rien qui puisse alarmer la pudeur & salir l’imagination, si tout y est d’ailleurs destiné à séduire l’esprit & à corrompre le cœur ; si le voile qu’on y jette sur des objets honteux en eux-mêmes, n’est qu’un artifice pour insinuer plus sûrement dans les ames le poison d’un amour profane & criminel, & percer de ses traits envénimés ceux que la grossièreté & l’indécence des paroles seroient capables de révolter ? […] Et pourquoi affecte-t-on de mettre de tels discours dans la bouche de ces personnages qu’on nous représente d’ailleurs comme dignes de notre estime, sinon pour nous persuader que l’amour n’est pas aussi condamnable que l’Evangile veut nous le faire croire ; qu’il est ou un penchant légitime de la nature, ou tout au plus une foiblesse pardonnable, puisqu’enfin c’est celle des héros ? […] Pourquoi d’ailleurs cette différence de discipline entre les diverses parties de l’Eglise Chrétienne ? […] En quoi consiste d’ailleurs le plaisir du Spectacle, & en quoi diffère-t-il de celui que pourroit vous procurer une représentation muette & inanimée ?