Si nous considérons que cette Partie de notre Ame contre laquelle la Raison veut que nous combattions dans l’adversité, cette Partie dis-je laquelle est affamée de pleurer & de sangloter, & qui est naturellement insatiable de lamentations, c’est cette même Partie que la Poësie flatte & qu’elle cherche à rassasier, & qu’alors cette autre Partie de notre Ame qui est la plus excellente, ne se trouvant pas encore assez fortifiée par l’habitude & par la Raison, devient plus négligente à tenir en bride la Partie pleureuse, supposant que ces malheurs qu’elle voit représenter ne la regardent pas, & s’imaginant qu’il n’y a aucun mal à plaindre & à louer même un autre homme, qui passe d’ailleurs pour un homme de vertu, lequel s’abandonne mal à propos à la douleur.