/ 310
257. (1781) Lettre à M. *** sur les Spectacles des Boulevards. Par M. Rousseau pp. 1-83

Je ne disconviens pas que l’on rencontre aux Théatres, des Courtisanes, mais l’observation que j’ai fait à ce sujet, au commencement de cette Lettre, suffit pour prouver qu’elles n’y peuvent donner un mauvais exemples, & y causer du scandale : d’ailleurs, ces Courtisanes, qui ne veulent pas être confondues avec celles de la lie du Peuple, ont un intérêt à faire preuve en Public, si non de vertu, du moins de décence, de maintien imposant, bienséance dont on est entiérement dispensé aux Boulevard. […] D’ailleurs ces Ouvriers, ces Artisans ne sauraient aller dans ces endroits vagabonds, sans contracter avec le goût de la paresse, mille défauts qui les rendent incapables, non seulement d’exceller dans leur profession, mais même de l’exercer avec honneur & utilité, tant pour eux, que pour le Public : en se rendant à quatre heures au Spectacle, & n’en sortant qu’à huit ou neuf, voilà plus d’un tiers de leurs journée de perdu : s’ils n’y vont que la nuit, le mal est bien plus grand encore, car outre la matinée qu’ils perdent le lendemain, pour ne pas frustrer le sommeil du tems qu’ils lui donnent, ils dérangent l’ordre de leur maison, & offrent un mauvais exemple à leurs enfans. […] D’ailleurs en diminuant les asyles de la paresse & de l’oisiveté, le nombre des gens à bassesses diminuera nécessairement, & toutes les fois que les Officiers de Police voudront seconder les travaux & les soins du Magistrat, qui est à leur tête, il leur sera fort aisé d’en imposer à l’astuce, à la mauvaise foi, & de déconcerter, de faire trembler les frippons au point qu’ils n’oseront se montrer.

/ 310