Quoique ce Discours soit plus curieux que nécessaire, et qu’il importe peu de savoir si le Monarque doit appliquer son esprit à ces Arts, qui pour leur noblesse sont appelés Libéraux, et si pour se délasser des affaires il se peut exercer à la Peinture et à la Musique ; J'ai cru néanmoins que je devais traiter ce sujet, parce qu’il a déjà été traité par quelques autres ; Joint que voulant former un Prince, je suis obligé de lui marquer aussi bien ses exercices que ses occupations, et d’examiner si la main qui porte le Sceptre peut prendre quelquefois le Pinceau pour se divertir et s’égayer. […] a cru que Dieu avait fait le Monde à la musique des eaux, et que ce doux murmure qu’elles rendent quand elles trouvent quelque petite résistance à leurs cours, avait été le divertissement de ce divin Ouvrier pendant qu’il bâtissait l’Univers. Si les Disciples de Pythagore peuvent avoir quelque rang parmi nos Théologiens, Ils croyaient avec leur Maître que les Sphères des Cieux par leurs mouvements réglés causaient une admirable harmonie qui faisait le divertissement des Intelligences qui les meuvent. […] Ce Prince ne fit jamais rien qui le déshonora davantage que d’avoir voulu chanter sur le Théâtre, les Sénateurs et les Soldats en conçurent du mépris, et les uns et les autres crurent que l’Empire ne pouvait être plus malheureux que de se voir sous la conduite d’un Musicien.