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427. (1668) Idée des spectacles anciens et nouveaux « Idée des spectacles anciens et nouveavx. — Des anciens Spectacles. Livre premier. — Chapitre III. Du Triomphe. » pp. 112-160

Ainsi il est à croire que les divers Empereurs qui ont Triomphé, ont employé tout ce que la nature pouvoit avoir de rare ; qu’ils ont fait naturalizer, pour ainsi dire, & tache de rendre capable d’intelligence ce qu’elle avoit de plus brutal, ou de plus farouche ; & qu’ils ont sceu enfin tirer du service & de la gloire des ennemis des hommes, & du rebut des forets. […] Aussi ie ne crois pas que la seule naissance donnast droit aux enfans de monter sur le Char de leur Pere. […] De sorte que ce nombre revenant à peu pres à celuy des Troupes qui se trouvoient avoir accompagné le Vainqueur, me feroit quasi croire que la prodigalité du vin n’estoit que pour le Soldat, ce qui en faisoit éclater l’excez ; au lieu que s’il eust esté generalement pour tout le Peuple de Rome, il s’en seroit beaucoup falu qu’il y en eust eu assez. […] On luy envoyoit des Couronnes d’or, qui estoient appellées Aurum coronarium : ce qui me fait croire que le present n’estoit pas tousiours travaillé, & que l’on s’en aquitoit quelquefois en lingots ou en valeur. […] Mais son insolence fut bientost punie par Sentence, & le Senat crut ne pouvoir se dispenser de traiter en coupable celuy qui avoit fait si peu de cas de la reconnoissance qu’on avoit pour sa vertu.

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