Je crois, Madame, que vous ne feriez pas mal de lire quelqu’un de ces Auteurs, puisque vous voulez, dites-vous, vous dire à vous-même les raisons pourquoi vous riez ou vous pleurez à la Comédie. […] Œdipe apprend la mort de Polybe, Roi de Corinthe, dont il croit être le fils ; il mêle à sa douleur quelque espèce de joie, puisqu’il voit tomber par là cet Oracle, qui lui avait prédit, qu’il serait le meurtrier de son père ; mais il apprend en même temps, qu’il n’est point fils de Polybe ; et cette nouvelle emmène le dernier secret de sa destinée : Il se trouve fils de Laïos, qu’il a tué, et de Jocaste qu’il a épousée. […] Je crois, Madame, qu’il est inutile de vous en dire davantage sur ce chapitre ; je laisse le reste à vos réflexions ; et vous ferez vous-même aisément l’application des Règles que je vous envoie. […] Je crois que l’on peut faire le même raisonnement sur les Comédies, et tolérer celles, où l’on ne trouve rien ni contre la piété, ni contre la Religion, et qui peuvent même contribuer à réformer les faibles des hommes, en les divertissant. […] Il serait inutile de vous dire plus nettement ce que je pense sur cette matière ; mon suffrage n’est pas d’un grand poids, et je n’aime pas à décider : Mais si vous vouliez absolument, Madame, que je vous en parle selon mon cœur, je crois que les Chrétiens sont obligés de s’abstenir du Théâtre, comme de bien d’autres plaisirs : Il faut apporter tant de précautions pour conserver son innocence, que le plus sûr est d’y renoncer entièrement.