Comme si les vives images d’une tendresse innocente étaient moins douces, moins séduisantes, moins capables d’échauffer un cœur sensible, que celle d’un amour criminel à qui l’horreur du vice sert au moins de contrepoison ! […] Ils n’ont mis en jeu que des passions folles ou criminelles, et les plus légitimes, ils les ont rendues répréhensibles et dangereuses par la manière dont ils les ont représentées. […] « Combien de femmes étaient chastes quand elles sont entrées dans l’amphithéâtre, dit saint Cyprien, et qui s’en retournèrent avec tout le feu d’une passion criminelle ! […] Ses effets sont encore moins sensibles pour ceux dont les passions sont déjà accoutumées aux émotions les plus vives, qui sont blasés sur les plaisirs ; qui ne sentent plus rien, pour avoir trop épuisé toute espèce de sentiments et de voluptés ; qui ne s’aperçoivent plus des écarts de leur esprit et de leur cœur par l’habitude qu’ils ont contractée de les laisser s’égarer impunément, et qui se croient toujours innocents, parce qu’ils ne savent plus distinguer ce qui les rend coupables ; pour ceux en un mot qui consentent à tout, qui s’amusent de tout sans scrupule, et qui, entraînés par tout ce qui leur paraît agréable, se livrent à toutes les impressions qu’ils en reçoivent, sans s’inquiéter de ce qu’elles peuvent avoir de criminel.