Malgré ce que je viens de dire, jamais il ne faut, comme Molière l’a fait trop souvent, immoler au vice le simple ridicule : on a peine à retenir son indignation, dans cette même Piece de Georges Dandin, en voyant la manie des hautes alliances corrigée par le triomphe du crime de l’infidélité : le rire, à cette Comédie, le rire devient criminel, car il peut être un assentiment secret à la coquetterie, à l’adultère même : Molière, en la mettant au Théâtre, est d’autant plus coupable de pervertissement de mœurs, que les tableaux y sont mieux faits, les situations mieux amenées, & que les finesses d’une femme galante ainsi présentées, peuvent devenir une leçon pernicieuse à plus d’une Spectatrice. […] Les vers efféminés du doucereux Quinaut, nous représentent tantôt une Angélique qui fait céder sa gloire à une indigne passion ; tantôt une Armide tyrannisée par l’amour, qui n’épargne son ennemi que parce qu’il est beau ; ces deux Héroïnes immolent tout à la volupté : les Opéras les plus sages, seront ceux où, comme dans Dardanus, on immole tout à la tendresse : le plaisir, les jeux, la criminelle galanterie, voila la morale de l’Opéra ; genre d’ailleurs, qui, si vous lui ôtez sa mollesse & son sybarisme, sort entièrement de la nature.