L’innocence doit souvent son salut à la crainte et à la honte attachée au crime : si vous rompez ce double frein, et que l’intérêt propre se trouve joint à la liberté de commettre le mal tête levée ; que peut-on attendre de là, sinon que le plaisir devienne le maître absolu, et que tout cède à la cupidité ? […] Dans La Femme Provoquée ; Constant jure comme un Crocheteur ; il sollicite au crime Madame Brute, se donne crûment pour infâme, et préfère sans hésiter la débauche à un honnête mariage. […] Dryden, le crime est quelque chose d’affreux : de façon que c’est une nécessité de lui être sévère et d’en faire exemple. » Et qu’est-ce que le crime dans la Comédie ? […] Il n’y a pas d’apparence qu’on veuille aisément réitérer le crime dont l’aspect seul vient de nous effrayer ; quoiqu’on l’eût commis dans toutes les circonstances les plus capables de l’excuser : puisqu’à la première vue d’un crime d’ignorance et d’erreur on se trouble si fort ; ne serait-il pas bien étrange qu’on se resalît aussitôt l’imagination par le souvenir, et la conscience par le désir d’une chose qu’on n’ignore plus être un crime ?