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97. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quinzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre V. Du Faste. » pp. 154-183

Elles sont donc pires que les idoles des Payens qui n’étoient que de bois & du métail qui ne commettoient aucun crime, & n’étoient point responsables de ceux qu’on commettoit en les adorant, au lieu qu’ici on est coupable ; on fait des coupables, on ne cherche qu’à faire des coupables ; il n’y a donc ni esprit ni sagesse ni vertu : non est spiritus in visceribus ejus. […] Quel crime de travailler pour une chair qui n’est que l’amorce & le siége du péché ! […] Les effets du sacrifice de Magdelaine sont tous divins, Dieu lui pardonne ses péchés, loue sa charité, elle devient un modèle de toutes les vertus ; Dieu se servit du crime d’Holopherne pour le perdre, & de la beauté de Judith pour l’aveugler ; mais le péché d’Holopherne n’est pas douteux, & malgré son courage & sa victoire qui sont dignes d’éloges, les moyens dont elle se servit sont-ils bien légitimes ? […] Sa portion légitime dans l’héritage ; les femmes peuvent le conserver comme les autres biens, elle fait leur force & leur autorité, elles la maintiennent comme un Prince maintient la sienne ; mais comme il n’est pas permis de conserver son bien, son autorité par la fraude, par la dissimulation, par le crime ; il ne l’est pas non plus de maintenir la beauté par l’artifice, par le fard. […] peut-on rendre blessure pour blessure, crime pour crime ?

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