Je ne m’arrêteray pas même à vous convaincre de la verité de ce principe, que personne ne peut contester, aprés l’Oracle du Saint-Esprit, que quiconque cherche le peril, y perira immanquablement, & aprés le sentiment de tous les Docteurs, que de rechercher une occasion, où l’on commet ordinairement le crime, c’est être dans le dessein de le commettre. […] ou bien, n’est-ce pas mettre en question, si les pensées volontaires, & les desirs que ces objets sont naître, & que l’on entretient ensuite ; sont défendus par la Loy Chrétienne, qui pour nous obliger à la pureté, se sert des termes les plus forts, & qui tiennent davantage de l’exaggeration, sçavoir, de nous arracher les yeux, s’ils nous sont une occasion de scandale, & où l’Autheur de cette Loy met au rang des crimes les plus énormes, les regards que l’on jette sur une femme à mauvais dessein : Matth. […] Je vous avertiray seulement, que je ne comprends point entre ces spectacles dangereux & préjudiciables à l’innocence des spectateurs, ces réjoüissances publiques qui se font aux Entrées des Souverains, ou par l’ordre des Magistrats, pour les heureux succez de l’Etat, ni les marques de magnificences, que les Princes donnent quelquefois au public ; telles que sont les courses de Bague, Carrousels, representations de combats, feux d’artifice, triomphes, ni tous les autres dont la vûë n’a rien qui puisse porter au crime, & dont même les personnes de pieté ont pris occasion d’élever leur esprit à Dieu, & de penser aux joyes que Dieu leur avoit preparées dans le Ciel, S. […] Si donc c’est un crime & une espece d’Apostasie, comme nous avons déja dit, d’aimer & de rechercher les vanitez de ce monde, n’est-ce pas un sujet de craindre qu’on ne les aime, & qu’on ne s’y attache, que de s’y plaire, d’y courir avec ardeur, & d’en faire son plus grand divertissement ? […] Car c’est le nom que le Saint-Esprit donne à tous ces spectacles, & à tous ces divertissemens ; puisque le moins qu’on en puisse dire, est, qu’ils nous exposent toûjours au danger du peché : Beatus homo qui non respexit ; heureux celui qui ne les regarde pas, parce que plus il s’en éloigne, plus il s’éloigne de l’occasion du crime, laquelle aprés le crime même, doit être regardée comme le plus grand de tous les maux ; car je veux que cette occasion qui est prochaine à l’égard de quelques-uns, comme nous avons dit, ne soit qu’éloignée pour les autres ; cela doit suffire, pour être convaincu, qu’ils sont dangereux pour tout le monde ; parce que personne ne se doit fier sur sa vertu, dans les rencontres où les objets sont capables d’en porter d’autres au peché.