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41. (1640) Traité des Spectacles des Gentils « SAINCT CYPRIAN DES SPECTACLES. » pp. 155-193

S’il n’a pas dessein d’idolatrer, & s’il abhorre les superstitions, pourquoy allegue t’il en leur faueur l’authorité des Escritures, pourquoy viole-t’il la Sainteté de sa Profession, lors qu’il fait d’vn crime le suiet de ses plaisirs, & qu’il agrée des spectacles & des impietez, dont Dieu n’a iamais permis l’vsage : au contraire, il doit sçauoir qu’ils sont de l’inuention des Diables, qui donnent tousiours aux mauuaises choses le voile de l’innocence. […] Dans ces lieux où les débauches fleurissent auec excés, quelle posture peut tenir vn Chrestien à qui les seules pensées du vice sont des crimes ; quelle satisfaction a t’il de voir l’impureté dans son throsne ; prend-il plaisir à voir tant d’objets & de marques d’infamie, pour estre puis après moins honteux & plus libertin ; & ne considere t’il point que pour auoir souuent veu faire le mal, on apprend à le faire aussi par coustume. […] Mais icy tous les vices ont quitté le masque, les crimes sont publics, on y passe sous silence, mais bien plustost on y loüe l’impudicité des prostituées, les yeux mesme y sont criminels, car on y estudie les moyens de commettre aussi l’adultere par la vuë. […] Mais quand tous ces jeux ne se celebreroient point à l’honneur des Idoles, des Chrestiens ne deuroient pas s’y trouuer, ils ne deuroient pas cherir des diuertissemens, qui pour estre exempts de crime ne sont pas exempts de vanité, & dont le pompeux appareil a trop de la liberté du siecle. […] Il contemplera les hommes dans leur ingratitude, & dans vn deluge de crimes, pour les voir en après enseuelis dans le deluge des eaux.

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