Le théatre n’a point fait les dieux, il est vrai ; mais il les a célébrés ; il étoit une partie de leur culte ; il a enseigné, il a représenté leurs actions ou plutôt leurs crimes ; il a été comme la chaire où on a prêché leur doctrine ; il leur a donné des habits, & comme fait leur toilette ; il a formé leur cortége & leur pompe, & prononcé leurs oracles ; il a donné des pampres & le thyrse à Sylene & Bacchus, sur les treteaux de Thespis, qui couroit les champs couvert de pampres & barbouillé de lie ; il a donné la licence à Venus, à l’Amour, la nudité aux Graces, la fraicheur à Hébé, des plumes de paon à Junon ; sa décoration est devenue celle des temples, & la parure des actrices leur plus bel ornement. […] Mais on s’est trompé : ce n’est pas seulement l’idolâtrie, c’est encore la dangereuse représentation du crime, les leçons du vice, l’apologie des passions, les occasions du péché.