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63. (1686) La Comédie défendue aux chrétiens pour diverses raisons [Traité des jeux et des divertissemens] « Chapitre XXV » pp. 299-346

Plutarqueg rapporte que Solon condamna les Tragédies dés leur naissance ; Que les Athéniensh estimoient que les Poëmes Dramatiques estoient des choses si indécentes & si insupportables, qu’il y avoit une Loi parmi eux qui défendoit aux Areopagites de faire des Comedies ; & que les Lacedemoniensi ne souffroient point qu’on joüât dans leur Ville de Comédies, ni de Tragédies, de crainte d’écoûter, même en se joüant, ceux qui representoient des choses contraires à leurs Loix. […] « Nous défendons aux Prêtres & aux autres Ecclesiastiques qui sont dans les Ordres sacrez d’assister aux Comédies, ni aux autres spectacles vains & profanes, de crainte que leurs oreilles & leurs yeux, qui sont destinez au service de Dieu, ne soient distraits & soüillez par quelques actions deshonnêtes, ou par quelques sales discours. » Les Constitutions & Ordonnances Synodales de saint François de Sales, & de Monsieur d’Arenton d’Alés, Evêques de Genevea : « Nous défendons à tous Prêtres, sous peine de suspension, d’assister à la Comédie, Bals publics & particuliers, & autres spectacles profanes, de peur de soüiller leurs yeux & leurs oreilles, qui ne sont destinez que pour les mysteres sacrez. » Par les Statuts Synodaux du Diocese d’Agenb depuis 1666, jusqu’en 1673. […] Quelle plus grande volupté peut-on sentir, que celle qui nous dégoûte de toutes les autres voluptez ; qui nous fait mépriser le siécle ; qui nous établit dans une veritable liberté ; qui conserve la pureté de nostre conscience ; qui nous rend satisfaits de nostre condition presente, qui fait que nous n’avons aucune crainte de la mort ; qui nous fait fouler aux pieds les idoles des païens ; qui nous rend victorieux des demons ; qui fait que nous ne vivons que pour Dieu ? […] Car comme celui qui marche sur le bord d’un precipice quoi qu’il n’y tombe pas, ne laisse pas d’estre toûjours dans la crainte ; & il arrive souvent que la crainte le trouble, & le fait tomber dans le precipice : de même celui qui ne s’éloigne pas du peché, mais qui en est proche, doit vivre dans l’apprehension, car il arrive souvent qu’il y tombe. » Mais si saint François de Sales a donné quelque sorte de protection au bal & aux danses, les Conciles & les Peres ne leur ont pas esté si favorables.

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