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98. (1769) Réflexions sur le théâtre, vol 8 « Réflexions sur le théâtre, vol 8 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE HUITIEME. — CHAPITRE VII. Du Père Porée. » pp. 149-177

Au contraire on leur apprend à la faire naître, à l’entretenir, à la tendre plus vive ; on leur apprend les mystères de l’amour, le langage des yeux, l’expression du geste, le hasard des rendez-vous, les fuites attrayantes, le sel des refus, l’intelligence des équivoques, le commerce des présens, l’art d’écrite des lettres, d’irriter les désirs, d’entretenir les espérances, de tromper les surveillans, de trouver des prétextes pour cacher & montrer un amour impatient de se faire connoître, & qui craint d’être connu. […] Une salle, le rendez-vous de tous les gens de plaisir & sans mœurs, où brille un luxe étudié, & tout ce que l’art de la parure a de plus rafiné, où les yeux trouvent rassemblé tout ce qui est le plus à craindre, où à ces périls muets & tranquilles se joint le poison des entretiens secrets les plus libres, n’est-elle pas l’écueil le plus redoutable ? […] Le danger n’est-il à craindre que pour les dévots ? […] Mais qu’il est à craindre que cette prétendue insensibilité ne soit l’effet d’une conscience apprivoisée avec le péché, & le fruit d’une captivité funeste ! […] Ceux qui arrêtent le mouvement des esprits sont aussi à craindre que ceux qui leur en donnent un trop violent.

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