Disent les demandeurs que combien que de droit commun les Maris soient en bonne, pleine & paisible possession de leurs femmes, & puissent se départir des compagnies à l’heure que bon leur semble, & fermer leur porte quand l’ombrage & la fantaisie les prend, & disposer de leurs femmes, comme chacun est modérateur de sa propre chose, contre tous exempts & non exempts, privilégiés & non privilégiés, néanmoins les masqués, sous couleur de privilèges tels quels, commettent chacun jour plusieurs abus contre ladite possession, au grand travail, mal de tête, fâcherie & molestation des maris ; que quand les maris sont assemblés en compagnie avec leurs femmes & damoiselles les défendeurs arrivent enmasqués, s’emparent des damoiselles, les reculent, les mènent chacun la sienne dans un coin, les confessent à l’oreille, dansent l’une après l’autre, & dès qu’ils l’ont prise ne la laissent jamais jusqu’à minuit & plus tard, sans qu’il soit possible leur faire guerpir la place ; & cependant demeurent les maris chiffrés & lourchés, & gardent les mules, tandis que mes mignons triomphent, & sont en danger des marchands & marchandises, qui est la fortune que plus ils craignent ; & si d’aventure ils appellent leurs femmes, ils sont nommés jaloux.