… Si je demande à une personne du monde, qui n’a pas encore étouffé tous les sentimens de pieté, & de crainte des jugemens de Dieu, mais qui a peine a souffrir qu’on lui dise qu’il y a peché d’aller au bal, ou de se trouver dans ces assemblées de danses ; n’est-il pas vrai, que vous sentez un reproche interieur quand vous rentrez dans vous même, qui vous dit, que vous ne faites pas bien, que vous vous exposez au peché, & qu’il-y a à craindre, que cela ne soit la cause de vôtre perte ? […] vous trouverez ce méme reproche dans toutes les ames un peu timorées : & si vous voulez le demander à toutes celles, qui ont autrefois été dans le monde, & qui s’en sont retirées ou d’effet, où d’affection seulement, elles vous diront, que dans les confessions generales, qu’elles ont faites, elles se sont accusées, & repenties d’avoir été autrefois au bal : demandez à ces danseurs, quand ils sont à l’article de la mort, où l’on voit alors clairement toutes choses, & non plus par le faux jour de nos passions, s’il ne se repentent pas, & s’il ne craignent pas d’en rendre compte au jugement de Dieu ; vous-mêmes ne vous en accusez vous pas au tribunal de penitence, ne pouvant étouffer le reproche de vôtre conscience, qui vous en reprend ? Vous voyez donc clairement par vous-mêmes, pourvû que vous vouliez ouvrir les yeux, que ce n’est pas une chose indifferente d’aller au bal, puisqu’on ne se confesse pas d’une chose indifferente, & qui l’on ne craint pas de paroître au jugement de Dieu après une action, qui n’est pas mauvaise, & que nous jugeons absolument n’être point contre la loi de Dieu.