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57. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 7 « Réflexions sur le théâtre, vol 7 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SEPTIÈME. — CHAPITRE VI. Suite de la Danse. » pp. 140-167

Un Magistrat, un grand Officier, un père une mère de famille, un homme, une femme avancés en âge, ceux qui font une profession déclarée de piété, doivent sentir que ce seroit ajouter le ridicule à l’indécence & au scandale, de se permettre ce qu’à peine ils doivent tolérer dans une jeunesse folâtre, dont l’âge n’a pas encore mûri la raison, ce qu’on croit innocent, dit Tertullien, parce qu’il est couvert de la pourpre : Improba definunt esse purpurata flagitia. […]  13.) pour peindre l’affreux débordement de Babylonne, & son épouventable punition, la fait voir renversée de fond en comble, couverte de ronces, livrée aux bêtes féroces, qui y dansent ; il y met des animaux de toute espèce, des serpens, des hyboux, des monstres aquatiques, &c. ainsi que dans le C. […] Les couronnes de fleurs, les parures de la tête, insultent à la couronne d’épines ; la confusion dont on le couvrit en lui ôtant ses habits, condamne la vanité de l’étalage des nôtres. […] La facilité de se trouver, de se parler, de se donner des marques de tendresse, l’espèce de voile dont la foule, le tumulte, la confusion, le spectacle, couvrent tout le monde, cette espèce de labyrinthe où tout s’égare & se retrouve, excite les plus indifférens, enhardit les plus timides, aguerrit les plus stupides, corromproit les plus vertueux. […] Quand on invite à quelque bal, disent les Saints, c’est le Démon qui rassemble son armée ; les danseurs & les masques sont les soldats qui combattent sous ses drapeaux ; les nudités, les parures, les regards, les libertés sont les armes qu’on emploie ; les instrumens sont les trompettes & tambours qui sonnent la charge ; les danses sont la mêlée ; les péchés qui s’y commettent, sont les blessés & les morts, le champ de bataille en est couvert.

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