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27. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quinzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre V. Du Faste. » pp. 154-183

Le théatre fut toujours coupable de ces excès, il étale le plus grand faste, il en entretient le goût ; la simplicité & la modestie y sont des vertus inconnues, & y passent pour des vices chez les amateurs. […] Elles sont donc pires que les idoles des Payens qui n’étoient que de bois & du métail qui ne commettoient aucun crime, & n’étoient point responsables de ceux qu’on commettoit en les adorant, au lieu qu’ici on est coupable ; on fait des coupables, on ne cherche qu’à faire des coupables ; il n’y a donc ni esprit ni sagesse ni vertu : non est spiritus in visceribus ejus. […] Cette apologie est insuffisante, il falloit ajouter que même sans abus la dissipation n’est pas moins criminelle que l’attachement ; les prodigues sont moins attachés que les avares, ils sont aussi coupables & plus pernicieux. […] Les remords, l’expérience l’ont assez & trop appris, & c’est au contraire ce danger qu’on veut faire naître, on y compte comme sur un moyen bien sûr de plaire, & d’allumer la passion, qui en effet s’y livre avec transport ; pour éteindre ce feu, Dieu donne des habits aux coupables, & quels habits ? […] 12.° Tout est fardé sur la terre, tout n’est que fard dans le monde : la politesse dans la société, les complimens dans les conversations, l’appareil fastueux de la dignité, l’air imposant de la grandeur ; la femme qui se farde n’est pas plus coupable.

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