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213. (1781) Lettre à M. *** sur les Spectacles des Boulevards. Par M. Rousseau pp. 1-83

Et de quelles bassesses, ces enfans ne se rendent-ils pas souvent coupables pour trouver le moyen de fournir à leurs plaisirs, de payer le tribut que les Entrepreneurs, de ces Jeux on droit de prélever, & enfin, pour donner aux malheureuses qu’ils y conduisent, ou qu’ils y rencontrent : Parmi ces enfans ; les uns ont des pères faciles, qui leur applanissent la voye du désordre & des crimes, & qui, par un excès de bonté cruelle & de lâche complaisance, ne leur laissent rien desirer de tout ce qui peut servir à en faire des monstres. […] Que ces Auteurs profanes & licentieux se rappellent, à leur confusion, ces vers du célebre Boileau : Je ne puis estimer ces dangereux Auteurs, Qui de l’honneur, en vers, infames déserteurs ; Trahissant la vertu sur un papier coupable, Aux yeux de leurs Lecteurs rendent le vice aimable. […] Cette objection est-elle sérieuse, & ceux qui la font, ne se rendent-ils pas réellement coupables d’une insulte grieve envers le Magistrat si respectable, qui veille aujourd’hui au dépôt sacré des mœurs & du bon ordre de cette Capitale ? […] J’ai de la peine à croire qu’un Individu qui s’est rendu coupable d’un délit assez grave pour avoir à redouter l’animadversion des Loix, veuille s’exposer à être reconnu dans une assemblée quelconque.

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