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15. (1819) La Criticomanie, (scénique), dernière cause de la décadence de la religion et des mœurs. Tome II « Résumé et moyens de réformation. » pp. 105-200

C’est pourquoi je n’hésite plus de conclure que l’autre mode d’animad-version est plus susceptible d’être légitimé, qu’il y aurait moins de risque de commettre des injustices, et qu’il serait plus propre à la réforme des mœurs de désigner exclusivement les coupables sur le théâtre, comme cela se pratique extra, de les attaquer directement de la manière vigoureuse dont M. […] Qu’ils réfléchissent donc combien il y a de lâcheté à craindre d’attaquer un membre certainement coupable et vil, lorsqu’ils ne craignent pas de frapper cruellement sur le corps entier qui renferme beaucoup d’honnêtes gens. N’en doit-il pas plus coûter à une âme délicate d’affliger ainsi l’innocent en le confondant avec le coupable ? […] Si le conseil, ou la commission composée, croyant ne devoir pas renoncer tout-à-fait à l’ancien domaine de la comédie, préférait quelquefois encore aux attaques directes et personnelles les satires vagues et indéterminées, ce serait, en prescrivant de les exercer avec des ménagements et tempéraments nouveaux, avec des contre-poids mieux calculés en faveur des hommes paisibles et innocents qui se trouvent confondus avec les coupables ; par exemple, avec l’attention de donner à la scène un air de famille, de la composer, autant que possible, de gens de la même classe, d’y faire censurer le plus fortement le coupable par des personnages réputés estimables, de son âge, de son rang, de son état et de sa qualité. […] Ils verront que les auteurs de tout genre, lorsqu’ils sont connus, sont seuls responsables, coupables, punissables, et au moins aussi infâmes que leurs agents, quand infàmie il y a.

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