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82. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre douzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et litteraires, sur le théatre. — Chapitre IV.  » pp. 97-128

l’Illiade-même est au-dessous du Tasse  ; (oh pour le coup, on n’y peut tenir ! […] Dans une bataille, tout occupé de l’action & du danger, souvent emporté subitement par un coup de canon, a-t-on de derniere & d’avant derniere pensée ? […] Les jeux sont plus faciles, plus commodes, moins couteux que nos théatres ; ils sont moins dangereux, ils ne forment point d’enthousiaste, le poison y est moins apprétié, les empoisonneurs demeurent toujours dans le mépris & l’infamie ; on se licencie moins sous les yeux d’un pere de famille, dont la présence en impose ; ses enfans ne le volent point, ne se dérobent point à ses yeux, pour aller courir l’actrice ; on n’en fait point une affaire d’Etat, ce sont des Pandoures, qui sans doute font des ravages, & portent des coups à la vertu ; mais ils voltigent, & ne paroissent qu’un moment. […] Une pluye de bombes, une grêle de coups de canon, qui portoient par tout la désolation & la mort, avec le plus grand fracas, laissoient à peine la liberté de traverser les rues, & d’entendre parler.

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