Les Espagnols ont introduit leur théatre, & en perfectionnant la scene, ils l’ont corrompue ; ils ont aiguisé les traits des passions & servi le poison dans des coupes dorées : attaque moins bruyante, mais blessure mortelle du cœur ; comme si dans nos villages au lieu des danses tumultueuses, des exercices & des jeux fatigans des fêtes locales, on faisoit jouer des comédies, & on donnoit des bals masques ou parés pour amuser les villageois ; ce seroit porter le dernier coup à la dépravation de leurs mœurs. […] Cet usage paroît risible parce qu’on n’y est pas accoutumé ; il l’est moins que la fastidieuse répétition des titres qu’on donne aux grands, non seulement dans les audiences publiques, mais à tout moment, toutes les fois qu’on leur parle & à chaque mot qu’on leur dit : amis, parens, étrangers, domestiques, comme un écho qui répete le même mot, comme une cloche, comme un tambour, qui à chaque coup rend toujours le même son.