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24. (1762) Lettres historiques et critiques sur les spectacles, adressées à Mlle Clairon « Lettres sur les Spectacles à Mademoiselle Clairon. — LETTRE VII. » pp. 115-130

« On prétend que l’utilité de cette piéce sera très-grande, parce qu’elle accoutumera le monde à se mieux précautionner contre les friponneries des Procureurs, & parce qu’elle corrigera de leurs mauvaises habitudes les Procureurs mal-honnêtes gens ; rien n’étant plus propre, dit-on, à guérir les maladies de l’ame, qu’une Comédie qui en représente finement le ridicule. […] Quantité de personnes disent fort sérieusement à Paris, que Moliere a plus corrigé de défauts à la Cour & à la Ville, que tous les Prédicateurs ensemble ; & je crois qu’on ne se trompe pas, pourvu qu’on ne parle que de certaines qualités qui ne sont pas tant un crime, qu’un faux goût, ou un sot entêtement : comme vous diriez l’humeur des Prudes, des Précieuses, de ceux qui outrent les modes, qui s’érigent en Marquis, qui parlent incessamment de leur noblesse, qui ont toujours quelques poësies de leur façon à montrer aux gens, &c. […] Ces maximes étant supposées, j’avance hardiment que le Théâtre ne s’est point corrigé, dans l’ordre des bonnes mœurs, les paroles qui nous paroissent indécentes aujourd’hui, n’étoient point telles il y a deux cens ans.

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