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90. (1759) L.-H. Dancourt, arlequin de Berlin, à M. J.-J. Rousseau, citoyen de Genève « CHAPITRE V. Des Comédiens. » pp. 156-210

Le vin, les exercices violents, les femmes ne peuvent guère convenir à des gens extenués de fatigue et sûrement leur santé souffrirait de ce qu’ils seraient bornés à ces amusements après un travail fatiguant et assidu. Le spectacle est donc l’amusement qui leur convient le mieux ; mais pour juger de son utilité la plus essentielle, consultons Monsieur la Politique des Césars : elle sert tous les jours à éclairer la nôtre. […] C’est une bonne chose dont on pourrait, j’en conviens, reprocher aux Césars qu’ils abusaient ; mais dans des Etats bien constitués, il sera toujours sage d’employer un moyen propre à rendre les factions pour ainsi dire impossibles, puisqu’il détourne les oisifs des Assemblées secrètes et dangereuses. […] A Paris comme à Genève, il convient au Théâtre de montrer le Vice dans toute sa laideur, et c’est ce que font nos Auteurs, comme je vous l’ai prouvé. […] J’en conviens : donc leur profession est flétrissante par elle-même, puisque quelque bien exercée qu’elle soit, elle les expose toujours à des sifflets ignominieux : mauvaise conclusion.

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