/ 361
35. (1759) L.-H. Dancourt, arlequin de Berlin, à M. J.-J. Rousseau, citoyen de Genève « CHAPITRE IV. Apologie des Dames. » pp. 119-155

Si vous aviez le goût grec, vous n’y mettriez que des Courtisanes, des Parasites, des Ganymèdes et des Antinoüs : convient-il donc à de plats modernes d’oser mieux faire que les Anciens et de ménager les oreilles chastes ? Vous convient-il, Messieurs, d’oser faire des Tragédies, vous qui n’êtes ni Ministres, ni employés dans les affaires d’Etat, vous qui par conséquent ne pouvez imaginer des situations analogues à des intérêts d’Etat ? […] Vous en conviendrez si vous voulez ; mais il n’en sera pas moins vrai que les femmes sont plus vertueuses, plus attentives aux devoirs de la Religion et de la société, plus douces, plus soumises, plus compatissantes, plus patientes, plus sobres que les hommes en général : elles ont des vices et des défauts, j’en conviens ; mais elles n’en ont aucun que nous n’ayons comme elles, et nous en avons d’horribles que nous n’osons leur reprocher. […] Que conclure donc, sinon que les femmes laissant moins échapper de marques de corruption sont en effet moins corrompues, que leur attachement à la Vertu prouve qu’elles sont plus raisonnables, et qu’étant plus raisonnables, il convient de les faire parler raison ? […] Si nous sommes plus sensés, nous devons l’exemple du bon sens, et nous ne devons pas recevoir ce qu’il nous convient de donner.

/ 361