J’abandonne ces tristes réflexions aux hommes faits pour sentir et juger ce qui convient au bonheur et à la prospérité de l’état. […] Si c’est par un sentiment de vertu, il faut convenir qu’elle le porte loin, et que parmi nos belles parvenues qui s’oublient si souvent, et nous accablent de leur sotte et stupide impertinence, elle aura peu d’imitatrices. […] D’après l’expérience et le témoignage irrécusable de tant d’écrivains et d’auteurs qu’on ne peut suspecter d’aveuglement ou de partialité, on est donc forcé de convenir que le théâtre, tel qu’il est encore, bien loin de corriger les mœurs, les déprave beaucoup trop souvent, et ce ne serait peut-être pas à tort qu’on l’accuserait en France d’avoir, à la longue, préparé plus d’un de ces tragiques événements qui ont déshonoré notre révolution politique. […] Car du moment où il convient de l’existence de l’ancien préjugé qui flétrissait sa profession, il établit lui-même la justification des légataires, et par conséquent l’injustice des conditions imposées par le testateur. […] Mais il faut convenir, que dans un moment aussi sérieux où il s’apprêtait à sonder toutes les profondeurs de l’éternité, il était bien extravagant de s’occuper du succès d’une tragédie, qui sous peu d’heures ne l’empêcherait pas de consommer la sienne.