/ 361
264. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quinzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre II. Suite d’Elisabeth d’Angleterre. » pp. 33-82

C’étoit un bâtard, il est vrai, mais Elisabeth ne prit pas ce prétexte pour le refuser, & il lui eût peu convenu d’avoir de la délicatesse sur cet article, elle le refusa pourtant ; le père, le fils & le frère se brisèrent à cet écueil. […] Cette raison auroit suffi pour la décision de toutes les poursuites ; mais elle n’en convenoit pas, & quelle femme convient de ses défauts naturels ? […] Il est certain que ses partisans même en conviennent qu’Elisabeth ne fut jamais dévote, même dans la Religion qu’elle professoit : jamais aucun exercice de piété dans la journée, elle alloit rarement à l’Église, & n’y paroissoit que comme à la salle d’audience ; pour se donner en spectacle avec la plus grande pompe dans les occasions d’éclat ; on l’y voyoit toujours distraite, sans attention, sans respect à la prière au service, à la parole de Dieu ; elle n’aimoit point les Sermons, & quand il lui plaisoit, elle interrompoit & faisoit descendre le Prédicateur, prétendant avoir le droit de le faire en qualité de Gouvernante de l’Église, au spirituel & au temporel elle disoit que deux ou trois Prédicateurs suffiroient pour tout un pays, à la mort même elle ne donna aucun signe de piété, & renvoya fort brusquement son Évêque qui lui faisoit quelque exhortation.

/ 361