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24. (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — TROISIEME PARTIE. — Tragédies à conserver. » pp. 128-178

Je conviens que le Poète pouvait se dispenser de mettre dans la bouche de Pauline le mot d’amour, qui force Polyeucte à lui faire la réponse que nous venons de voir ; mais on ne doit pas oublier qu’elle est Payenne ; elle a recours, pour persuader son mari, aux plus fortes armes dont elle pouvait faire usage : si Pauline avait été Chrétienne, Corneille ne lui aurait pas fait tenir un pareil langage ; ou, s’il l’eût fait, on aurait pu, avec justice, le lui reprocher. […] La Tragédie d’Atrée et de Tyeste nous découvre la noirceur d’un frère qui, inhumainement, assassine son neveu et son frère même ; et je conviens que ce sont là des objets terribles pour les présenter aux Spectateurs de notre temps. […] Je conviens que c’est là ce qui m’a le plus choqué, et qui m’a paru mériter tout ce que j’ai dit dans l’examen de la Tragédie de Mithridate. […] Voilà le fait, j’en conviens ; mais examinons de grace si, malgré cette ressemblance, il ne se trouve pas quelque différence entre ces deux Pièces, qui puisse déterminer à conserver Rhadamiste, lorsque l’on rejette Mithridate. […] Si pourtant on se donne la peine de lire avec attention la mort de César, de M. de Voltaire, je suis persuadé qu’on conviendra que, dans toute Pièce aussi bien imaginée et aussi rigoureusement écrite que celle-ci, les rôles des femmes peuvent être supprimés, sans que les Spectateurs les regrettent.

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