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82. (1680) Entretien X. Sur la Comédie « Entretien X. sur la Comedie » pp. 363-380

Car de penser, que parmi tant de charmes pour les yeux, & pour les oreilles, que présente le Théatre, l’on puisse y estre avec un cœur invulnérable, & une pureté toûjours exacte & délicate, c’est une idée, & tout ensemble une témérité, qui mérite, que l’on perde, ce que l’on prétend conserver. […] Je ne diray pas, que c’est pécher mortellement, d’aller à la comédie ; mais je diray, qu’à plusieurs c’est péché mortel, d’y aller : La verité de cette proposition ne se prend pas simplement du spectacle, mais encore des dispositions particulieres de la personne, Elle est, par exemple, d’un tempérament doux & très-sensible ; elle a un cœur, qui prend aussi-tôt feü ; l’imagination en est vive & forte, pour conserver la molesse, & l’impureté des images ; la volonté en est naturellement foible, & facile, pour se laisser aller à toutes ces representations ; elle a l’expérience de ces desordres secrets, qu’elle a plûtôt aimez, qu’elle n’a combatus.

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