Ces Ministres formés de la main de son père, étoient morts ou vieillis, & les baladins qui l’environnoient n’étoient point faits pour les remplacer ; c’étoit un parti nécessaire que celui de la retraite pour conserver sa gloire. […] Les Polonois n’ont jamais élu des Reines, & celle-ci n’avoit ni argent ni crédit pour acheter les suffrages, & encore moins le mérite qu’on exige pour les accorder, pouvoit-on penser que cette nation iroit chercher pour la gouverner une aventurière, une libertine, une fugitive qni n’avoit pas su gouverner ni même conserver un Royaume héréditaire où elle régnoit depuis vingt ans. […] Ce regret fait peu d’honneur à sa vertu, & même à son esprit ; les loix de l’honnéteté & de la décence étoient respectées des Payens même, elle dût aisément s’en consoler : le reste du joug qu’elle conserva étoit peu gênant ; dès qu’elle fut arrivée à un petit ruisseau qui sépare la Suède du Dannemarck ; elle quitta ses habits de femme, & en prit d’homme, sous lesquels elle courut le monde ; elle renvoya toutes ses femmes qui en furent très-choquées, & revenant à Stocholm ne publioient rien moins que les éloges de sa vertu ; elle ne garda à son service que quelques hommes avec lesquels comme Don Quichote, avec Sancho-Pansa, elle alla chercher des avenures. […] Baile atteste l’irréligion de cette Reine, mais du moins il a la pudeur de ne pas lui en faire un mérite, il a conservé une de ses lettres sur la révocation de l’Édit de Nantes, mai 1686. […] Le mariage d’un Souverain est nécessaire pour conserver la succession à la couronne, soit pour prévenir les troubles & maintenir la paix, soit même pour éviter le scandale & la débauche.