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25. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 1 « CHAPITRE VII. De l’idolâtrie du Théâtre. » pp. 143-158

Aussi voit-on Ovide, Properce, et les autres Docteurs de Cythère, conseiller la fuite ou la fréquentation du théâtre de Pompée, selon qu’on veut conserver ou perdre la chasteté. […] On avait d’abord eu pour eux une sorte de vénération, comme pour des Ministres des Dieux ; mais leurs vices et les désordres de leurs fêtes les firent mépriser et traiter d’infâmes, quoiqu’on conservât par religion, par amusement et par politique, des spectacles dont la sagesse et la vertu ne s’accommodèrent jamais. […] On en rougit ; mais au lieu de supprimer le mauvais, et de ne conserver que ce qu’il y avait encore de pieux, on fit tout le contraire, on supprima tout ce reste de religion qui embarrassait la passion, et on mit le vice à son aise. Cette ombre de piété se dissipa, le vice régna sans obstacle, le théâtre Païen fut rétabli : « On vit renaître Hector, Andromaque, Illion. » La politesse du siècle fit élaguer cette forêt et bannir les grossièretés dégoûtantes, et ne conserva que ce qui pouvait plus efficacement flatter et séduire.

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