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21. (1752) Traité sur la poésie dramatique « Traité sur la poésie dramatique — CHAPITRE II. Histoire de la Poësie Dramatique chez les Grecs. » pp. 17-48

Il falloit faire rire le Peuple ; & les meilleurs Poëtes furent obligés de s’abaisser à composer de pareils Ouvrages, qui ne furent jamais assez estimés pour qu’on ait pris soin de les conserver à la Postérité, puisque dès le huitiéme siécle, comme on voit par un passage d’Eustathe sur l’Odyssée, il ne restoit plus de ces Piéces que le Cyclope d’Euripide. […] Comme il ne sortoit point du Théâtre quand une fois il y étoit entré, ou du moins n’en sortoit qu’en partie, sa présence conserva la vraisemblance d’une Action qui se passe devant des témoins : ainsi les Poëtes se virent obligés d’observer l’unité d’Action, & l’unité de Lieu. […] La Poësie Dramatique conserva toujours ce qu’elle tenoit de la Religion : & chez les Grecs comme chez les Egyptiens & les Juifs, la Danse faisoit partie des cérémonies Religieuses. […] Athenes, quoique prise par Demétrius, & traitée si inhumainement par Sylla, reduite presque en une solitude, conserva toujours l’amour des Vers, des Danses, de la Musique, & des Disputes philosophiques. Elle se consoloit de tomber sous des Maîtres, & d’en changer, pourvu qu’elle pût se flatter de conserver l’empire de l’Esprit.

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