Une chose est agreable, ou le paroit ; & parce qu’elle est agreable on l’aime, & parce qu’on l’aime, on se figure qu’elle est bonne, & a force de se le figurer, on s’en fait une espece de conviction, en vertu de la quelle on agit au prejudice de la conscience, & malgré les plus pures lumieres de la grace. […] Car pourquoi, dirois-je, mettre ma conscience au hazard dans une chose aussi vaine que cella-la, & dont je puis si aisement me passer ? […] suivant le conseil du Saint Esprit, j’interrogerois ceux que Dieu m’a donnez pour Maîtres, ce sont les Peres de l’Eglise Interroga Patrem tuum, & annuntiabit tibi, majores tuos, & dicent tibi : & après les avoir consultez, il seroit difficile, s’il me restoit quelque delicatesse de conscience, que je ne fusse pas absolument convaincu sur cette matiere. […] Il s’agit de la conscience & du salut, & tout ce qu’il a eu jusqu’à present sur ces sortes de matieres, de juges competens, de juges reconnus, & autorisez, ont decidé : mais ce n’est point ainsi qu’en jugent quelques mondains, & ce n’est qu’à eux-mêmes qu’ils veulent s’en raporter. […] Voila les oracles qui veulent se faire écouter, & que l’on n’écoute en effet que trop ; voila les Docteurs & les Maîtres, dont les lumieres effacent toutes les autres, & dont les resolutions sont absoluës & sans replique ; voila les guides dont les voyes sont les plus droites, & les garants sur qui l’on peut se reposer de sa conscience, de son ame, de son éternité.