/ 244
3. (1738) Sentimens de Monseigneur Jean Joseph Languet Evéque de Soissons, et de quelques autres Savans et Pieux Ecrivains de la Compagnie de Jesus, sur le faux bonheur et la vanité des plaisirs mondains. Premiere partie « Sentimens de quelques ecrivains De la Compagnie de Jesus, Touchant les Bals & Comedies. Premiere Partie. — Entretien premier. Sentiment du reverend Pere Bourdaloue de la Compagnie de Jesus, touchant les Bals & les Comedies en general. » pp. 8-16

Une chose est agreable, ou le paroit ; & parce qu’elle est agreable on l’aime, & parce qu’on l’aime, on se figure qu’elle est bonne, & a force de se le figurer, on s’en fait une espece de conviction, en vertu de la quelle on agit au prejudice de la conscience, & malgré les plus pures lumieres de la grace. […] Car pourquoi, dirois-je, mettre ma conscience au hazard dans une chose aussi vaine que cella-la, & dont je puis si aisement me passer ? […] suivant le conseil du Saint Esprit, j’interrogerois ceux que Dieu m’a donnez pour Maîtres, ce sont les Peres de l’Eglise Interroga Patrem tuum, & annuntiabit tibi, majores tuos, & dicent tibi : & après les avoir consultez, il seroit difficile, s’il me restoit quelque delicatesse de conscience, que je ne fusse pas absolument convaincu sur cette matiere. […] Il s’agit de la conscience & du salut, & tout ce qu’il a eu jusqu’à present sur ces sortes de matieres, de juges competens, de juges reconnus, & autorisez, ont decidé : mais ce n’est point ainsi qu’en jugent quelques mondains, & ce n’est qu’à eux-mêmes qu’ils veulent s’en raporter. […] Voila les oracles qui veulent se faire écouter, & que l’on n’écoute en effet que trop ; voila les Docteurs & les Maîtres, dont les lumieres effacent toutes les autres, & dont les resolutions sont absoluës & sans replique ; voila les guides dont les voyes sont les plus droites, & les garants sur qui l’on peut se reposer de sa conscience, de son ame, de son éternité.

/ 244