Je le voudrois aussi pour ces Dames : car elles auront bien de la peine de surmonter le respét humain pour satisfaire à leur conscience. […] Je ne cesserai pas d’admirer la misericorde divine, si jamais elle me fait voir en cette mer de dangers un cœur, qui a la fermeté des citoiens de la Jerusalem celeste : mais si cette personne me demande, s’il lui est permis d’assister à la Comedie, je suspecterai sa devotion ; & si par un miracle je la trouve solide, je lui dirai nettement, qu’elle ne peut pas aller à la Comedie, sans s’en faire encore un point de conscience. […] Or péchant de la sorte contre vos Freres, & blessant leur conscience qui est foible, vous pechez contre Jesus-Christ même, qui les a rachetés par son Sang, & à qui ils appartiennent. […] Une jeune Demoiselle n’a pas encore éteint toutes les étincelles de la devotion, elle se flâte même qu’elle n’est pas enivrée des plaisirs du monde : cependant elle a une terrible demangeaison pour la Comedie : mais le remors salutaire de la conscience contre-balance ce desir : que dit-elle pour en étouffer les justes cris Madame *** est d’une probité reconnuë, & elle y va bien : je ne prétens pas à une vie plus reglée : on la voit si souvent qu’elle s’approche de la Sainte Table : elle est d’une devotion exemplaire : il n’est pas croiable, que son Confesseur lui permettroit la Comedie, s’il jugeoit, qu’elle y pechoit en s’y trouvant : ainsi donc, resoud cette jeune Theologienne, je m’y trouverai aussi, & je ferai comme je vois faire aux autres, dont l’âge & la vertu me peuvent être une juste regle. […] Je crains beaucoup qu’elle n’ait extorqué ce commandement pour calmer sa conscience.