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153. (1590) De l’institution de la république « SIXIEME TITRE. Des Poètes, et de leurs vertus, item quels Poètes on peut lire et quels on doit rejeter des Théâtres. » pp. 117-127

Car ils ne pouvaient confesser que ceux là fussent vrais dieux, lesquels ils avaient connu avoir été mortels, et souillés d’une infinité de vices et de méchancetés, quoiqu’ils eussent plusieurs auteurs, auxquels contredire ils estimaient être fort dangereux, et pour cette occasion ils appropriaient sous fables obscures ce qu’ils ne pouvaient ou n’osaient dire ouvertement. […] et vu mêmement qu’ils connaissent bien, que c’est la façon des adulateurs, flatter leurs Princes follement, afin d’être les bienvenus, et reçus pour mignons de cour, les eussent-ils mis au nombre des dieux après leur mort ? […] et pour cette cause ne pouvants ouvertement ôter du cerveau des simples gens leurs vaines superstitions et rêveries, ils ornaient par vers tellement la vie des dieux, que cependant ils donnaient à connaître, qu’ils avaient été hommes, hantant et conversant parmi les mortels : de manière qu’ils n’estimaient rien en eux qui surpassât la nature humaine. […] Or non les Poètes seuls, mais aussi les Philosophes n’ont eu aucune connaissance du vrai Dieu, devant la venue de notre Sauveur Jésus-Christ, vrai et unique fils de Dieu, lequel nous a donné son Père à connaître instituant la vraie Religion, par laquelle les ténèbres d’erreur ont été abolies, et aussi toute fausse opinion. […] Hercule connut alors, que celle qui se présentait avec mignardises et ébattements, nous menait finalement à la mort : au contraire l’autre nous conduisait à vertu, laquelle par peines et travaux et dangers nous rendait immortels.

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