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269. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [A] » pp. 297-379

Dans cette Comédie, on confond, à dessein, les maximes d’une sage conduite, avec celles que dicte au jaloux incommode sa funeste passion. […] Ariste, de son côté, débite quelques traits honorables pour les femmes ; mais on ne tarde pas à lui faire dessiner & sancier* la conduite d’une franche Coquette, que personne ne voudrait avoir pour femme ou pour fille. […] La raison n’est bonne à rien sur le Théâtre : oui, si l’on entend par raison, le calme des passions ; car ce calme ne peut être mis sur la Scène ; il y faut des Actions, qui, se succédant avec rapidité, n’offrent à l’esprit qu’un seul tableau à par raison, l’on entend la sagesse de conduite, la Scène Française a plus d’un exemple de Drames où la raison seule intéresse ; & l’on a déja cité à monsieur Rousseau, le Zopire de Mahomet, & l’Ariste du Méchant. […] le Sage qui lit des Livres de morale, n’y trouve que ce qu’il sait ; mais cette lecture nourrit son cœur, & l’excite plus vivement au bien : le tableau d’un honnête Père-de-famille, d’une Mère desabusée sur les égaremens de son fils, d’une épouse vertueuse qui regagne le cœur de son mari, nous représentent ce que nous savons ; mais ils nous le font savoir plus efficacement pour notre conduite. […] L’on sent combien, par cette conduite, les Sciences & les Arts furent avilis : aussi, ne peut-on citer que très-peu de leurs Peintres & de leurs Sculpteurs : à la vérité, pour les Arts d’obstentation, de magnificence, de grandeur, d’utilité, ils ne les méprisèrent pas : mais les Grecs les avaient inventés ; & il est à présumer que les Romains ne construisirent ces chefs-d’œuvres d’architecture qui nous étonnent, que par le secours des Artistes Grecs, ou du moins à leur imitation.

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