Témoin ce mariage de Basile, qu’un curé imbécile ou prévaricateur bénit cavalierement sur un grand chemin, sans formalité, sans préparation, sans consulter les parens, parce que l’amant fait semblant de se tuer, quoiqu’il connoisse la fraude, avec une fille fiancée à un autre qui a fait à grands frais tous les préparatifs de la noce, & la conduit à l’autel pour l’épouser. […] Toute une petite ville est mise en train pour jouer la farce du gouvernement chimérique donné à l’écuyer, à qui l’on fait toutes sortes d’insultes : cent & cent autres personnes, dans le cours de cette histoire insensée, entretiennent les rêveries de ce malheureux, pour le baffouer, & renouvellent les combats des gladiateurs, où les romains se divertissoient aux dépens des hommes, comme ils venoient de faire au théatre Le cirque est un théatre, le théatre est un cirque, où l’homme est le jouet de l’homme ; dans l’un aux dépens de la vie, dans l’autre aux dépens de l’honneur : la brutalité a enfanté l’un & l’autre, y conduit & s’y plaît.