/ 245
30. (1694) Lettre d’un théologien « Lettre d'un théologien » pp. 1-62

q rapporte dans son Institution que l’illustre saint Charles Borromée permit les Comédies dans son Diocèse par une Ordonnance de 1583, à condition néanmoins qu’avant d’être représentées elles seraient revues et approuvées par son Grand Vicaire, de peur qu’il ne s’y glissa quelque chose de déshonnête. […] Il ne faudrait pas remonter bien haut pour voir que la plus infâme de toutes les conditions était celle des Cabaretiers : ils n’étaient reçus ni en témoignage, ni même à intenter aucune Action pour le payement de ce qui leur était dû, tant on craignait de salir les Tribunaux en y parlant d’une profession si honteuse ; cependant ils ont aujourd’hui la qualité de Marchands de Vin, et travaillent à se faire incorporer parmi les Marchands que par distinction on appelle Honorables hommes, et dont on fait les Consuls et les Echevins, qui sont les premiers grades de la Bourgeoisie. […] Il m’est fort aisé de vous faire voir qu’aucune de ces conditions ne manque à la Comédie, telle qu’elle est aujourd’hui ; après quoi, vous devez conclure qu’elle est bonne et entièrement permise. […] Passons à la seconde condition que saint Thomas exige dans les jeux, qui est de ne pas dissiper l’harmonie de l’âme par l’excès et la longueur des plaisirs. […] Je ne leur rends justice qu’après le grand saint Thomas, qui dit expressément en leur faveur : « Que, quoique dans la vie civile, ils n’aient point d’autre emploi, à l’égard des autres hommes, que celui de jouer, ils en ont toutefois à l’égard de Dieu et par rapport à eux-mêmes de plus sérieux : comme de prier Dieu, de régler leurs passions, de donner l’aumône aux pauvres, de s’appliquer a des œuvres de charité, etc. » Enfin la troisième condition que S.

/ 245